mercredi 10 octobre 2007

Rue des consuls

Cette rue, ainsi dénommée parce que les diplomates y résidèrent jusqu'en 1912, constitue le centre du commerce local. Là sont offerts à la curiosité et à la convoitise des passants les tapis de Rabat, les tentures de Salé. les cuivres martelés et ajourés, les cuirs repoussés, les broderies de soie. On remarquera, à droite, l'impasse du Consulat-de-France le père Chénier, représentant du roi de France au Maroc, y vécut de 1768 à 1782, au n°62. Les boutiques de la rue des Consuls masquent un quartier bien différent. Pour s'en faire une idée il suffit de passer à gauche, entre les n° 32 et 30. dans une ruelle qui s'amorce sous une maison : à deux pas de l'agitation et du bruit voici le calme et le silence d'une vieille cité bourgeoise.


Le visiteur pourra faire quelques pas dans d'étroites venelles encadrées de hauts murs d'une éblouissante blancheur par le bleu outremer de quelque volet. Il appréciera les portes de pierre taillée ou sculptée de maintes demeures, souvent le seul ornement de la façade : leurs arcs en plein cintre ou surbaissés retombent sur des pilastres, la plupart du temps montés d'un faux linteau reposant sur des colonnettes. Un placage de stuc y ajoute une note mauresque, mais l'esprit de la Renaissance apparaît dans ces portes, oeuvres de musulmans venus d'Espagne au 17e s.Revenir à la rue des Consuls. Celle-ci aboutit à une vaste place où récemment encore se tenait le souk el Ghezel.

Tapis Rbati


Rabat a toujours été la capitale du tapis au Maroc. Le tapis de Rabat (fabriqué également à Salé et dans d'autres centres) s'est fait une réputation égale à celle des tapis d'Orient, et la bourgeoisie marocaine, même lorsqu'elle se détourne des autres objets artisanaux, reste attachée aux tapis.Il y a environ six mille métiers à tisser en activité dans la région, dans les coopératives artisanales, ou chez les particuliers. Le tapis de Rabat est fait par les femmes, au point noué, sur des métiers de haute lisse.Pour un grand tapis, deux ou trois ouvrières peuvent travailler un même métier. Elles ont devant elles un modèle sur papier quadrillé. Parfois, elles connaissent les motifs par cœur.Les laines viennent du Maroc, de la France et d'Australie. Dans les coopératives, on utilise un mélange des trois. On travaille avec des brins de deux ou trois fils retordus selon l'épaisseur souhaitée.La coopérative classe les tapis en quatre qualités, appréciées en fonction de la solidité du tapis et du respect des modèles traditionnels. Plus le point est serré, plus le tapis est résistant, beau et cher. On distingue les qualités


extra-supérieure : 40/40 ou 160 000 points noués au mètre carré. * supérieure : 30/30 ou 90 000 points noués au mètre carré.* moyenne : 25/25 ou 62 000 points noués au mètre carré. * courante : 20/20 ou 40 000 points noués au mètre carré.Les laines brutes sont teintes avec des colorants chimiques, ou achetées déjà teintes. les laines non teintes ont un ton blanc chaud ou crème très attrayant.Les tapis de Rabat sont de dimension moyenne. Mais on en fabrique également de grandes dimensions jusqu'à dix mètres de long sur sept ou huit de large). Ce sont alors des pièces rares, impressionnantes, véritables parterres colorés et fleuris, féériques jardins de laine.Ces tapis ont peut-être une lointaine origine orientale, comme le prouverait une légende qui raconte qu'un jour une cigogne a laissé tomber dans un patio de Rabat un fragment de tapis d'Orient qui a servi de modèle initial. Mais ils ont, dans leur diversité, un style unique et une esthétique spécifique dans la tradition hispano-mauresque que les amateurs reconnaissent immédiatement.Ils sont de dominante rouge (à base de cochenille ou de garance). De nos jours, on utilise des rouges vifs chimiques.Ils se distinguent des tapis d'Orient par leurs larges surfaces unies parsemées de motifs. Ils n'ont pas le rythme continu, le miroitement, le changement incessant des tapis persans ou des kilims turcs. Au contraire, l'ensemble donne une impression de grande tranquillité.Leur décoration se compose essentiellement d'un motif floral stylisé dans un grand losange central. Les nouveaux modèles sont parfois parsemés de petites fleurs ou de petits animaux colorés.Le tapis est toujours encadré de deux ou trois cadres, bandes dans lesquelles se répètent des motifs apparentés mais pas toujours similaires à ceux du centre. Pour qu'un tapis soit agréable à l'œil, il faut que ses couleurs, quelle que soit leur variété, s'intègrent agréablement.

Bois


L'art du bois au Maroc occupe, depuis une période très ancienne, une place très importante dans l'architecture et dans le mobilier. Il révèle différentes techniques (sculpture, gravure et taraudage, tournage, découpage, peinture et enluminure, marqueterie et incrustations, revêtements de cuir et cloutage…) auxquelles se consacrent les artisans spécialisés : menuisiers, sculpteurs sur bois, tourneurs peintres sur bois, marqueteurs, fabricants de coffres etc...


L'utilisation du bois comme matériel de construction est une tradition très répandue et qui remonte à l'époque idrisside, donc autour du VII è siècle. En fait, on utilise le bois pour la construction de mosquées, de monuments, de maisons et d'édifices. Les sculpteurs transforment le bois en vrai chefs d'oeuvres comportant des motifs riches et originaux. En plus de sa beauté captivante, le bois dégage un parfum agréable dans la pièce qu'il compose.Le travail du bois est considéré un art raffiné au Maroc qui demande beaucoup de minutie et de patience. Le travail du bois est possible grâce à la présence d'arbres tels que le cèdre, le pin, le hêtre et l'olivier. Plusieurs arbres sont présents au Maroc surtout au niveau des vallées et des montagnes. Il a fallu attendre le 12ème siècle et les Mérinides venus des steppes orientales pour que le travail du bois sculpté devienne un art à part entière. De nombreux éléments de boiserie peints, sculptés, ou tournés, ornent des mosquées, des monuments et des belles demeures marocaines. Ils sont utilisés de la plus exquise façon pour les plafonds, les frises, les panneaux muraux, les moucharabiehs... Quant aux objets décoratifs (échiquiers, petites boîtes, animaux ...), ils ont fait la réputation de villes comme Essaouira, Azrou. et Tétouan .

Bazar


Fer forgéle fer forgé n’a plus de mystères pour les artisans marocains qui excellent à manier le métal et à le plier à leur fantaisie. Installés à Marrakech, la capitale de l'artisanat marocain, nos artisans fabriquent différents articles en fer forgé pour la décoration d'intérieur ou d'extérieur. Minutieusement travaillés, le fer forgé viendra parfaire la chaleur de votre intérieur en lui ajoutant une touche de l'art de vivre marocain.PoterieVieille de plus de 1 000 ans la poterie marocaine gagne ses lettres de noblesse lorsque fuyant l'Espagne. Tout le charme de la poterie marocaine provient du fait qu'il s'agit d'un secteur totalement artisanal; toutes les pièces sont faites entièrement à la main et il est difficile de trouver deux pièces totalement identiques. L’évolution des modes de vie et des goûts a, petit à petit, amené les artisans de poterie à une reconversion heureuse, désormais la poterie sort des traditions pour nous éblouir avec des pièces aux formes plus modernes : pieds de lampes en tadelakt, assiettes carrées,...LampesLampes typiquement marocaines en fer forgé, cuivre, laiton ou autres alliages. A la fois discrètes, lègères et modernes, elles s'intègrent parfaitement dans tous les styles d'intérieurs

Bijoux

Nous parlerons ici de la bijouterie en or que l'on trouve à la Médina ou chez les joailliers de l'avenue Mohammed-V et qui est fabriquée à Rabat même.Sans doute à cause du prix actuel de l'or, on ne trouve pas à Rabat ces magasins rutilants que l'on découvre encore dans les grandes villes de l'Orient.Citons parmi ces bijoux (en or de 18 carats), les petits « Corans », boites ajourées dans lesquelles les femmes musulmanes mettent souvent des versets du Coran, les mains de Fatima de toutes dimensions, des bagues, quelques colliers... et, très typiques du Maroc (parfois fort somptueuses), les fameuses ceintures de mariées dont les boucles font l'objet de recherches que la majesté du métal rend toujours très belles. Les plus lourdes (et les plus chères) sont en or incrustées de pierres taillées dans des déchets d'émeraude. On peut déplorer aujourd'hui sur certaines ceintures l'incrustation de faux jades ou de pierres synthétiques et aveugles qui défigurent l'or sur lequel elles sont serties.

Cuir


Dans les sociétés traditionnelles, l'artisanat est une façon de tirer parti au mieux et avec le plus d'imagination possible, des produits naturels, animaux ou végétaux, disponibles.Le mouton, par exemple. On en conservait la viande, cuite, dans un mélange de sel et d'épices, dans de grandes jarres de terre cuite. Elle se conservait ainsi toute une année. Les cornes servaient de matériau pour la parure et la bijouterie. La laine servait à rembourrer les matelas, à faire tissus et tapis. On se servait du cuir enfin pour les vêtements, les chaussures, les poufs et les coussins, les sacs et pour transporter certaines marchandises, mais aussi dans la décoration des murs, des portes, etc.-Objets diversTrès nombreux et variés, ils sont appréciés pour la souplesse de leur cuir, la perfection de leurs formes et de leurs dorures.Les sous-mains, buvards, porte-documents, classeurs, boites à messages, bdites à crayon... sont à Rabat fabriqués en cuir de chèvre alors qu'à Fès on utilise plutôt le mouton, plus fin.Pour les boites et autres objets recouverts, le cuir refendu est collé sur un support. 'Certains objets, comme les portefeuilles, sont parfois simplement décorés de lignes tracées sur le cuir à l'aide d'une règle et d'un traçoir en os ou en bois, sans encre, par simple pression. Cette façon de souligner les bords d'un objet en cuir, lui confère une élégance discrète.
Pour dorer le cuir, les artisans disposent de minces feuilles d'or de 22 carats, de minces bandes de gélatine ou encore de lamelles de mica sur lesquelles se trouve une très mince couche d'or de 22 carats. M possèdent une collection de fers (fleurons, filets, roulettes et plaques) à dorer. La feuille d'or est posée sur le cuir, puis pressée contre le cuir avec le fer légèrement chauffé. Le motif gravé sur le fer est ainsi appliqué sur le cuir auquel il adhère instantanément.Les roulettes à dorer sont de petits cylindres en bronze, gravés eux aussi en relief qui permettent d'obtenir des dessins continus, liserés ou bandes dorées qui encadrent les liseuses, reliures d'art, chemises, etc.Les artisans des coopératives « inventent » de nouveaux objets recouverts de cuir : étagères, livres-boites, et même des poteries ou des assiettes sont ainsi habillés de cuir. Toutes ces réalisations s'éloignent de l'artisanat marocain traditionnel, de son goût sûr et éprouvé. Utiliser une matière aussi belle et noble que le cuir sur de la poterie est un mariage curieux... On rencontre d'autres innovations qui sont à notre avis des erreurs comme ces deux coussins cousus ensemble pour former une chaise. Inventer est la vraie vocation de l'artisanat, mais il faut savoir le faire en restant fidèle au matériau et à la vraie tradition.

Association Professionnelle Des Bazaristes Traditionnels

A l’initiative d’une élite de commerçants de la rue des consuls, cœur battant de la ville de rabat capital du Maroc est né l’association professionnelle des bazars traditionnels. Cette initiative consiste à unifier les promoteurs de produits artisanaux en l’occurrence les commerçants et les concepteurs de ces produits : les artisans.Par souci de préserver ce secteur vital, en vue de le développer et de promouvoir par des moyens innovants et en adéquation avec l’époque. Ceci se réalise à travers l’organisation de foires régionales nationales et internationales. Ainsi que l’organisation de semaines commerciales. Cet acte contribue à l’encouragement et à l’animation touristique de la ville.Cette association comprend ses adhérents qui se composent de six catégories spécialisées dans la promotion et la commercialisation des produits de l’industrie artisanale. Chaque catégorie est définit selon son activité.1- catégorie tapis : comprend le tapis Rbati et berbère.2- catégorie cuir : comprend les habilles en cuir, chaussures babouches …3- catégorie bois et antiquité : comprend tout les produit en bois et les produits antiquaires.4- catégorie habilles traditionnels : comprend les habilles traditionnels pour homme et femme.5-categorie argent et bijoux : comprend les produits joailliers en argent.6- catégorie bazar : comprend tout les produit artisanauxL’association a un ensemble d’objectifs visant :A conserver son patrimoine historique représenté dans la rue des consuls qui représente une destination privilégiée de tous les visiteurs de Rabat. A œuvrer au développement du secteur et à la création de chantiers de formation et de formation continue en vue d’actualiser et d’aiguiser les compétences et les performances des artisans pour qu’ils puissent être a jour devant le progrès et coopérer avec le reste des associations a buts sociaux. A l’alphabétisation des commerçants et des artisans. En fin à la création d’associations de bazars.
Salif Keita et Enrico Marcias au festival de Fes La 12e edition du Festival des musiques sacrees du monde se tiendra du 2 au 10 juin a Fes avec la participation de nombreux musiciens marocains et etrangers, ont annonce mercredi les organisateurs a Casablanca. Le Malien Salif Keita, Le Francais Enrico Macias, le Tunisien Lotfi Bouchnak ou la Tibetaine Yungchen Lhamo figurent parmi les musiciens qui se produiront ? F?s. La musique des cathedrales latino-americaines sera egalement repr?sent?e par le groupe "Agrupacion Musica" dirig? par le flutiste argentin Enzo Gieco. Plusieurs groupes de chant representant des zaouias (confreries) marocaines animeront "les nuits du soufisme" du festival. Une "Fondation Esprit de Fes" a ete mise sur pied pour assurer le rayonnement de cette rencontre annuelle et developper la ville de Fes "a travers la culture et le tourisme culturel", a indique le directeur general du festival, Faouzi Skali. Des conferences seront egalement donnees autour du theme: "Une ame pour la mondialisation". Fondee en 789, la ville de Fes a ete la capitale de la premiere dynastie arabo-musulmane du Maroc, les Idrissides - du nom du roi Idriss 1er. Elle abrite l'universite Qaraouiyne qui a connu un grand rayonnement culturel au Moyen-age, notamment en Afrique du Nord et en Andalousie.


La musique sacrée (on dit quelquefois musique spirituelle) regroupe les genres musicaux associés d'une manière ou d'une autre aux pratiques religieuses d'une groupe social donné. Le concept s'oppose donc à celui de musique profane.La musique religieuse est fréquemment vocale, lorsqu'elle utilise, ou s'inspire, des textes considérés comme sacrés. Par exemple, des psaumes, le chant grégorien, un oratorio, des negro spirituals, etc., constituent de la musique sacrée. La musique religieuse vocale peut être soutenue par un accompagnement instrumental ; dans le cas contraire, on dit qu'elle est interprétée « a cappella ». Mais la musique sacrée peut être également instrumentale, c'est-à-dire, exclusivement destinée aux instruments. - Soit parce qu'elle est simplement associée à un rituel de nature spirituelle. Par exemple, dans la musique baroque, une sonate d'église, appelée également « sonata da chiesa », doit être nécessairement analysée comme de la musique sacrée, - Soit parce qu'elle est destinée à un instrument de musique traditionnellement dévolu à un usage sacré. Cela peut être le cas de l'orgue, instrument habituellement consacré à l'accompagnement de la liturgie chrétienne[1].

L'habit au Maroc



Longtemps, le vêtement citadin fut caractérisé par cette capacité à recevoir de nouveaux apports, jusque dans la première moitié du XXe siècle alors même que commence l'industrialisation du pays, que s'affirme la suprématie de Casablanca sur Fès, et que la bourgeoisie marocaine s'ouvre à l'Occident et à ses produits... »



Tous ces changements survenus auraient pu augurer de la fin du costume. C'était mal connaître cet habit éternel que la Marocaine porte dans les grandes occasions ou tout simplement chez elle, en toute intimité. Le costume traditionnel marocain ne sera jamais un vestige du passé, mais « il reste l'étincelle vivifiante qui nourrit l'éclat de la mode marocaine » Les stylistes, de leur côté, ont su apporter à cet habit, cette touche qui en fait l'originalité. Leurs modèles ont inspiré.

samedi 6 octobre 2007

histoire de la musiqe sacrée


La musique sacrée, religieuse, peut appartenir ou non aux rites liturgiques, ceux-ci étant célébrés lors d'un culte public, le plus souvent pour les prières et les cérémonies chrétiennes. Nous limiterons notre présentation aux traditions musicales des religions protestantes et catholiques d'Europe occidentale et laisserons à une prochaine étude celles de l'Eglise orthodoxe et copte d'Europe orientale, du Proche Orient, de l'Afrique et de l'Amérique du Sud. Le sujet serait vraiment trop vaste et sa lecture ... interminable !Or la musique protestante et catholique tire ses origines des cultes juifs et gréco-romains. On trouve d'ailleurs souvent sur le portail des cathédrales ou sur de nombreuses enluminures la figure de David qui chante en s'accompagnant d'une lyre.Roi d'Israël (1000 av. J.-C.-970 av. J.-C.) et fondateur de la tradition judéenne, David fut considéré par les prophètes comme le Messie. La Tradition lui attribue la composition de soixante-treize psaumes, ce que réfutent la plupart des spécialistes. On trouve en tout cas le récit de ses exploits dans l'Ancien Testament (Livres de Samuel, des Rois et des Chroniques). On parle de sa harpe légendaire, d'autres fois de sa lyre, la kinnor des anciens hébreux étant une cithare. (L'image ci-contre est une reproduction de la sculpture de David qui figure sur la porte des Orfèvres de Saint-Jacques-de Compostelle, datée vers 1170) Le Dictionnaire des Symboles (de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Ed. Robert Laffont et Jupiter 1969, coll. Bouquins, p596) rappelle que la lyre signifie "dans l'iconographie chrétienne (...) la participation active à l'union béatifique."La musique doit évoquer les choeurs angéliques. Il est donc tout à fait courant de trouver dans les enluminures ou sur les voûtes des cathédrales des anges musiciens. (Les images des anges musiciens (© IRHT) en tête de page proviennent toutes deux d'un bréviaire fransciscain de Chambéry - 1425- et sont extraites du superbe site http://www.enluminures.culture.fr/ sur lequel vous découvrirez plus de 14000 images des manuscrits médiévaux conservés dans les bibliothèques municipales de France.) Car la musique peut être un danger pour celui qui cède davantage aux "plaisirs de l'ouïe" qu'à la pure louange dont elle devrait être la vassale. C'est ainsi que la décrit Saint Augustin (354-430) dans Les Confessions, au chapitre XXXIII du Livre Dixième (Ed. Garnier Flammarion, Garnier Frères 1964, pp 236-237), se défiant de la sensualité qui le distrait parfois de la prière ; il avoue à Dieu sa faiblesse :" Les plaisirs de l'ouïe m'avaient enveloppé et subjugué plus tenacement, mais vous m'avez délié et libéré. Je me plais maintenant encore, je l'avoue, aux chants qu'animent vos paroles, lorsqu'ils sont exécutés par une voix agréable et savante, sans toutefois me laisser lier par eux et tout en gardant la liberté de me lever quand je le veux. (...) Parfois je crois leur accorder plus d'honneur que je ne devrais : je me rends compte que ces paroles saintes, accompagnées de chant, m'enflamment d'une pitié plus religieuse et plus ardente que si elles n'étaient sans cet accompagnement. C'est que toutes les émotions de notre âme ont, selon leurs caractères divers, leur mode d'expression propre dans la voix et le chant, qui par je ne sais quelle mystérieuse affinité les stimule. (...) D'autres fois je me défie exagérément de ce piège, et je m'égare par trop de sévérité : c'est au point qu'en ces moments je voudrais à tout prix éloigner de mes oreilles, et de celles de l'Eglise même, la mélodie de ces suaves cantilènes qui servent d'habituels accompagnements aux psaumes de David. Alors je crois plus sûre la pratique qui fut celle d'Athanase, l'évêque d'Alexandrie. Je me souviens d'avoir entendu dire qu'il les faisait réciter avec de si faibles modulations de voix que c'était plutôt une déclamation qu'un chant. "Nous ne sommes pas loin de la conception de "musique du diable", enivrante et ensorceleuse. Les premiers chrétiens favorisèrent donc un chant simple, sans volonté d'embellissement : le plain-chant*, dérivé du chant romain ancien et des psaumes judaïques, qui engendra le chant grégorien*. On considère le plain-chant* comme le chant liturgique de base, simple et à voix égales, tous les moines chantant à l'unisson (mélodie monodique) et sans accompagnement instrumental. La musique alors ne doit pas être un art mais le support discret de la prière.Qu'est-ce qui peu à peu la libèrera de ces contraintes, inversera ces fermes croyances qui lient au Diable les plus beaux chants et invitera les instruments à participer aux célébrations du culte ?C'est ce que nous vous proposons de découvrir au fil de ces chapitres assortis de pistes discographiques