La musique sacrée, religieuse, peut appartenir ou non aux rites liturgiques, ceux-ci étant célébrés lors d'un culte public, le plus souvent pour les prières et les cérémonies chrétiennes. Nous limiterons notre présentation aux traditions musicales des religions protestantes et catholiques d'Europe occidentale et laisserons à une prochaine étude celles de l'Eglise orthodoxe et copte d'Europe orientale, du Proche Orient, de l'Afrique et de l'Amérique du Sud. Le sujet serait vraiment trop vaste et sa lecture ... interminable !Or la musique protestante et catholique tire ses origines des cultes juifs et gréco-romains. On trouve d'ailleurs souvent sur le portail des cathédrales ou sur de nombreuses enluminures la figure de David qui chante en s'accompagnant d'une lyre.Roi d'Israël (1000 av. J.-C.-970 av. J.-C.) et fondateur de la tradition judéenne, David fut considéré par les prophètes comme le Messie. La Tradition lui attribue la composition de soixante-treize psaumes, ce que réfutent la plupart des spécialistes. On trouve en tout cas le récit de ses exploits dans l'Ancien Testament (Livres de Samuel, des Rois et des Chroniques). On parle de sa harpe légendaire, d'autres fois de sa lyre, la kinnor des anciens hébreux étant une cithare. (L'image ci-contre est une reproduction de la sculpture de David qui figure sur la porte des Orfèvres de Saint-Jacques-de Compostelle, datée vers 1170) Le Dictionnaire des Symboles (de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Ed. Robert Laffont et Jupiter 1969, coll. Bouquins, p596) rappelle que la lyre signifie "dans l'iconographie chrétienne (...) la participation active à l'union béatifique."La musique doit évoquer les choeurs angéliques. Il est donc tout à fait courant de trouver dans les enluminures ou sur les voûtes des cathédrales des anges musiciens. (Les images des anges musiciens (© IRHT) en tête de page proviennent toutes deux d'un bréviaire fransciscain de Chambéry - 1425- et sont extraites du superbe site http://www.enluminures.culture.fr/ sur lequel vous découvrirez plus de 14000 images des manuscrits médiévaux conservés dans les bibliothèques municipales de France.) Car la musique peut être un danger pour celui qui cède davantage aux "plaisirs de l'ouïe" qu'à la pure louange dont elle devrait être la vassale. C'est ainsi que la décrit Saint Augustin (354-430) dans Les Confessions, au chapitre XXXIII du Livre Dixième (Ed. Garnier Flammarion, Garnier Frères 1964, pp 236-237), se défiant de la sensualité qui le distrait parfois de la prière ; il avoue à Dieu sa faiblesse :" Les plaisirs de l'ouïe m'avaient enveloppé et subjugué plus tenacement, mais vous m'avez délié et libéré. Je me plais maintenant encore, je l'avoue, aux chants qu'animent vos paroles, lorsqu'ils sont exécutés par une voix agréable et savante, sans toutefois me laisser lier par eux et tout en gardant la liberté de me lever quand je le veux. (...) Parfois je crois leur accorder plus d'honneur que je ne devrais : je me rends compte que ces paroles saintes, accompagnées de chant, m'enflamment d'une pitié plus religieuse et plus ardente que si elles n'étaient sans cet accompagnement. C'est que toutes les émotions de notre âme ont, selon leurs caractères divers, leur mode d'expression propre dans la voix et le chant, qui par je ne sais quelle mystérieuse affinité les stimule. (...) D'autres fois je me défie exagérément de ce piège, et je m'égare par trop de sévérité : c'est au point qu'en ces moments je voudrais à tout prix éloigner de mes oreilles, et de celles de l'Eglise même, la mélodie de ces suaves cantilènes qui servent d'habituels accompagnements aux psaumes de David. Alors je crois plus sûre la pratique qui fut celle d'Athanase, l'évêque d'Alexandrie. Je me souviens d'avoir entendu dire qu'il les faisait réciter avec de si faibles modulations de voix que c'était plutôt une déclamation qu'un chant. "Nous ne sommes pas loin de la conception de "musique du diable", enivrante et ensorceleuse. Les premiers chrétiens favorisèrent donc un chant simple, sans volonté d'embellissement : le plain-chant*, dérivé du chant romain ancien et des psaumes judaïques, qui engendra le chant grégorien*. On considère le plain-chant* comme le chant liturgique de base, simple et à voix égales, tous les moines chantant à l'unisson (mélodie monodique) et sans accompagnement instrumental. La musique alors ne doit pas être un art mais le support discret de la prière.Qu'est-ce qui peu à peu la libèrera de ces contraintes, inversera ces fermes croyances qui lient au Diable les plus beaux chants et invitera les instruments à participer aux célébrations du culte ?C'est ce que nous vous proposons de découvrir au fil de ces chapitres assortis de pistes discographiques
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire