Rabat a toujours été la capitale du tapis au Maroc. Le tapis de Rabat (fabriqué également à Salé et dans d'autres centres) s'est fait une réputation égale à celle des tapis d'Orient, et la bourgeoisie marocaine, même lorsqu'elle se détourne des autres objets artisanaux, reste attachée aux tapis.Il y a environ six mille métiers à tisser en activité dans la région, dans les coopératives artisanales, ou chez les particuliers. Le tapis de Rabat est fait par les femmes, au point noué, sur des métiers de haute lisse.Pour un grand tapis, deux ou trois ouvrières peuvent travailler un même métier. Elles ont devant elles un modèle sur papier quadrillé. Parfois, elles connaissent les motifs par cœur.Les laines viennent du Maroc, de la France et d'Australie. Dans les coopératives, on utilise un mélange des trois. On travaille avec des brins de deux ou trois fils retordus selon l'épaisseur souhaitée.La coopérative classe les tapis en quatre qualités, appréciées en fonction de la solidité du tapis et du respect des modèles traditionnels. Plus le point est serré, plus le tapis est résistant, beau et cher. On distingue les qualités
extra-supérieure : 40/40 ou 160 000 points noués au mètre carré. * supérieure : 30/30 ou 90 000 points noués au mètre carré.* moyenne : 25/25 ou 62 000 points noués au mètre carré. * courante : 20/20 ou 40 000 points noués au mètre carré.Les laines brutes sont teintes avec des colorants chimiques, ou achetées déjà teintes. les laines non teintes ont un ton blanc chaud ou crème très attrayant.Les tapis de Rabat sont de dimension moyenne. Mais on en fabrique également de grandes dimensions jusqu'à dix mètres de long sur sept ou huit de large). Ce sont alors des pièces rares, impressionnantes, véritables parterres colorés et fleuris, féériques jardins de laine.Ces tapis ont peut-être une lointaine origine orientale, comme le prouverait une légende qui raconte qu'un jour une cigogne a laissé tomber dans un patio de Rabat un fragment de tapis d'Orient qui a servi de modèle initial. Mais ils ont, dans leur diversité, un style unique et une esthétique spécifique dans la tradition hispano-mauresque que les amateurs reconnaissent immédiatement.Ils sont de dominante rouge (à base de cochenille ou de garance). De nos jours, on utilise des rouges vifs chimiques.Ils se distinguent des tapis d'Orient par leurs larges surfaces unies parsemées de motifs. Ils n'ont pas le rythme continu, le miroitement, le changement incessant des tapis persans ou des kilims turcs. Au contraire, l'ensemble donne une impression de grande tranquillité.Leur décoration se compose essentiellement d'un motif floral stylisé dans un grand losange central. Les nouveaux modèles sont parfois parsemés de petites fleurs ou de petits animaux colorés.Le tapis est toujours encadré de deux ou trois cadres, bandes dans lesquelles se répètent des motifs apparentés mais pas toujours similaires à ceux du centre. Pour qu'un tapis soit agréable à l'œil, il faut que ses couleurs, quelle que soit leur variété, s'intègrent agréablement.
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