Dans les sociétés traditionnelles, l'artisanat est une façon de tirer parti au mieux et avec le plus d'imagination possible, des produits naturels, animaux ou végétaux, disponibles.Le mouton, par exemple. On en conservait la viande, cuite, dans un mélange de sel et d'épices, dans de grandes jarres de terre cuite. Elle se conservait ainsi toute une année. Les cornes servaient de matériau pour la parure et la bijouterie. La laine servait à rembourrer les matelas, à faire tissus et tapis. On se servait du cuir enfin pour les vêtements, les chaussures, les poufs et les coussins, les sacs et pour transporter certaines marchandises, mais aussi dans la décoration des murs, des portes, etc.-Objets diversTrès nombreux et variés, ils sont appréciés pour la souplesse de leur cuir, la perfection de leurs formes et de leurs dorures.Les sous-mains, buvards, porte-documents, classeurs, boites à messages, bdites à crayon... sont à Rabat fabriqués en cuir de chèvre alors qu'à Fès on utilise plutôt le mouton, plus fin.Pour les boites et autres objets recouverts, le cuir refendu est collé sur un support. 'Certains objets, comme les portefeuilles, sont parfois simplement décorés de lignes tracées sur le cuir à l'aide d'une règle et d'un traçoir en os ou en bois, sans encre, par simple pression. Cette façon de souligner les bords d'un objet en cuir, lui confère une élégance discrète.
Pour dorer le cuir, les artisans disposent de minces feuilles d'or de 22 carats, de minces bandes de gélatine ou encore de lamelles de mica sur lesquelles se trouve une très mince couche d'or de 22 carats. M possèdent une collection de fers (fleurons, filets, roulettes et plaques) à dorer. La feuille d'or est posée sur le cuir, puis pressée contre le cuir avec le fer légèrement chauffé. Le motif gravé sur le fer est ainsi appliqué sur le cuir auquel il adhère instantanément.Les roulettes à dorer sont de petits cylindres en bronze, gravés eux aussi en relief qui permettent d'obtenir des dessins continus, liserés ou bandes dorées qui encadrent les liseuses, reliures d'art, chemises, etc.Les artisans des coopératives « inventent » de nouveaux objets recouverts de cuir : étagères, livres-boites, et même des poteries ou des assiettes sont ainsi habillés de cuir. Toutes ces réalisations s'éloignent de l'artisanat marocain traditionnel, de son goût sûr et éprouvé. Utiliser une matière aussi belle et noble que le cuir sur de la poterie est un mariage curieux... On rencontre d'autres innovations qui sont à notre avis des erreurs comme ces deux coussins cousus ensemble pour former une chaise. Inventer est la vraie vocation de l'artisanat, mais il faut savoir le faire en restant fidèle au matériau et à la vraie tradition.